Depuis l'annonce faite aux Etats-Unis sur l'annulation du droit à l'avortement, plusieurs dizaines d'Etats ont déjà annoncé mettre en place cette interdiction, et les réactions internationales ne se sont pas faites attendre.
Ainsi, on peut lire depuis l'annonce du 24 juin, dans laquelle la Cour Suprême étasunienne annonce avoir révoqué l'arrêt Roe vs Wade, qui actait, depuis 1973, l'avortement comme un droit, des centaines de posts sur les réseaux sociaux, affichant le #ivgconstitutitionmaintenant afin de mettre en lumière l'importance de graver ce droit dans le marbre de notre Constitution française.

Pourquoi ? Parce que le groupes NUPES (Nouvelle Union populaire écologique et sociale), groupe politique d'union associant le parti socialiste, la France Insoumise, Europe Ecologie les verts et de nombreux autres partis dits de gauche a déposé le mardi 29 juin une proposition de loi constitutionnelle visant à "à protéger le droit fondamental à l’interruption volontaire de grossesse".
L'objectif d'une telle proposition est de sécuriser ce droit à l'avortement comme liberté fondamentale en France. En effet, même si l'avortement est dépénalisé en France depuis la loi Veil de 1975, un changement de gouvernement, notamment pour une présidence d'extrême-droite, alliée avec une Assemblée nationale qui serait également très à droite, pourrait mettre en péril cette loi, comme aux Etats-Unis.
Ainsi, inscrire le droit à l'IVG dans la Constitution française permettrait de "dissuader des éventuelles tentatives futures pour l'abroger", comme on peut le lire dans cet article de l'Express.
La France Insoumise avait déjà fait cette proposition de loi en 2018, qui avait été massivement rejetée par les député.e.s de LREM (La République en Marche), "dont Gabriel Attal et Olivia Grégoire, actuellement membres du gouvernement", comme l'explique l'article de l'Express cité plus haut.
Du côté des partis politiques et personnalités contre cette proposition, on retrouve plusieurs arguments : certains disent que ce serait tout simplement inutile, étant donné que la configuration politique étasunienne et française n'ont rien en commun. C'est par exemple le cas d'Anne-Marie Le Pourhiet, juriste régulièrement interviewée par les médias d'extrême-droite comme Causeur ou Valeurs Actuelles.
Mais alors, si cela ne change rien, en quoi est-ce un problème de l'inscrire ?
Ces mêmes partis crient à la diversion politique et arguent qu'il y a plus important en ce moment, à l'instar de François Bayrou qui explique dans Le Figaro "qu'aucun parti politique ne remet en cause la loi Veil". Jordan Bardella, membre du Rassemblement National, emploie les mêmes termes.
Depuis quelques jours, on peut lire des articles titrant que Marine Le Pen "n'exclurait pas de voter pour" la proposition de loi mentionnée plus haut, visant à constitutionnaliser le droit à l'IVG. Ne nous y méprenons pas : Marine Le Pen s'était déjà positionnée contre l'allongement du délai de l'IVG de 12 à 14 semaines. Elle est également ouvertement contre ce qu'elle appelle l'IVG "de confort" et a déjà évoqué son souhait que l'avortement ne soit plus remboursé par la Sécurité sociale.
Toutefois, restons lucides : il est toujours possible de modifier la loi, et même la Constitution, bien que cela soit plus difficile. En revanche, si une majorité de personnes se positionnent en faveur de cette constitutionnalisation, les partis politiques se sentiront plus obligés à aller dans le sens des citoyen.ne.s et l'IVG aura moins de risques d'être menacé.