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La misandrie n'est pas le contraire de la misogynie

Dans le dictionnaire, la misandrie, qui est le fait d'éprouver de l'aversion pour les hommes, est énoncée comme étant l'inverse de la misogynie. Pourtant, je ne suis absolument pas d'accord avec cette dichotomie, et je vais vous expliquer mon point de vue.


Pourquoi la misandrie n'est pas le

contraire de la misogynie ?


Parce que la misogynie est systémique, qu'elle est ancrée dans notre société depuis des siècles. Que la misogynie tue quand la misandrie consiste simplement à pointer du doigt le potentiel dangereux des hommes qui sont éduqués par le patriarcat. Les nombreuses résultantes de la misogynie sont le viol, le meurtre, le plafond de verre, la discrimination.

Quelles sont les résultantes de la misandrie ? Une masculinité blessée, tout au plus.

La misandrie, c'est un moyen pour les femmes d'exprimer leur colère,  chose qui leur a été refusée depuis des siècles. Et oui, une femme est douce, gentille, elle n'est pas en colère sous peine d'être traitée d'hystérique... Encore en 2020, on s'insurge dès que les femmes s'expriment pour montrer leur mécontentement, ben oui, on est pas habitué.e.s. La misandrie ne veut pas exterminer les hommes, elle souhaite mettre en lumière la problématique de la domination masculine pour abolir le système patriarcal, source d'inégalités et de violences à l'encontre des femmes et minorités de genre. Pourtant, il suffit de quelques # menaretrash et d'ouvrages récemment publiés (Cf Alice Coffin et Pauline Hermange) pour crier au sexisme anti-homme : dommage, celui-ci n'existe pas ! Il ne peut pas exister dans une société où les hommes ne meurent pas où ne sont pas violés pour la seule raison qu'ils sont des hommes. Dans une société où ils ne sont pas discriminés dans le travail à cause d'un organe (oui, je parle de l'utérus), dans une société où l'on utilise pas de mots décrivant des hommes pour insulter (fiotte, pute, salope, garce, etc ... ça vous parle ? Même enculé fait référence au fait que c'est bien le sexe faible qui est en position de domination lors d'un acte sexuel, et que celui qui est passif dans un couple homo serait "la femme" du couple). Dans une société, enfin (même si la liste n'est pas exhaustive) ou sexualiser le corps masculin n'aura pas la même portée que le corps féminin. Posons-nous les bonnes questions: pourquoi la misandrie existe-t-elle ? Simplement en réaction à la misogynie qui gangrène encore notre société. Et pour cause, en France, on situe même l'apparition du terme aux alentours des années 1970 (un lien avec la vague féministe de l'époque, nooon bien sûr que nooon). Un synonyme de misandrie pourrait être "sexisme inversé", une expression qui montre bien quel est le sexisme considéré comme "normal" dans notre société.

Le mot misandrie est sans nul doute lié à la crise de la masculinité actuelle : si le rôle des femmes dans la société ne cesse d'être remis en question et d'évoluer grâce à elles-mêmes (et non pas aux gentils hommes qui nous ont offert le droit de vote - je précise parce que j'ai déjà lu ça), les hommes ne remettent pas vraiment en question leur place dans la société, jusqu'à ce qu'ils se sentent menacés par les femmes et qu'ils éprouvent ainsi le besoin de se réaffirmer.

La rage féminine est légitime. Et il est grand temps de lui laisser la place: habituez-vous à ce que les femmes soient en colère, car nous avons de nombreuses raisons de l'être. Et encore, nous réclamons seulement justice, pas vengeance. Nous nous battons pour que le patriarcat systémique soit enfin reconnu, et que cette reconnaissance laisse place à son abolition. Pourtant, dès qu'on décide de l'ouvrir, on se heurte à des discours prônant l'apaisement entre les genres, ou bien on se voit taxées de fémina**es : ces personnes tenant ce type de discours étant bien évidemment les grandes absentes du combat pour l'égalité, les grandes absentes lorsqu'il s'agit de dénoncer les violeurs, les agresseurs, le harcèlement, etc ...

En bref, réfléchissons à pourquoi les féministes qui portent ces discours sont taxées d'extrémistes alors qu'on ne qualifie pas les violeurs, les agresseurs et les misogynes de tels...

PS: Je m'en vais de ce pas commander "Moi les hommes, je les déteste" de Pauline Harmange, parce que contrairement à la plupart des pseudo-critiques qu'on peut lire sur cet ouvrage, j'aimerais le lire avant de vous en délivrer mon opinion. Image trouvée sur le blog de Hypathie.

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