Si tu penses que le masculinisme est le pendant du féminisme, que c'est un mouvement pacifiste et égalitariste, cet article est fait pour toi.
Le masculinisme, c'est tout sauf du pacifisme ; c'est un mouvement plutôt très conservateur qui veut s'ériger contre les féministes, ces dernières ayant pris le contrôle de la société en dominant les hommes.
Les féministes dominent le monde
Selon les théories masculinistes, le féminisme n'a plus lieu d'être puisque l'égalité est désormais acquise entre les hommes et les femmes (ils n'évoquent souvent pas l'idée de genre puisque leur vision de celui-ci est très binaire). En effet, ils citent des chiffres liés à l'égalité salariale, à la représentation, au droit de vote, d'avoir du travail, etc ... autant de préoccupation obsolètes dans les réflexions de la quatrième vague féministe, qui réfléchit aujourd'hui à la face cachée de l'iceberg.
Le féminisme n'a pas dit son dernier mot, malheureusement : les féminicides sont de plus en plus violents, la culture du viol bat son plein, le système capitaliste est encore la norme et promeut avec lui une hiérarchisation des individus et en particulier le travail gratuit des femmes qui utilisent leur ventre pour jouer son jeu.
En effet, les femmes sont toujours plus victimes de violences à cause de leur genre, elles sont plus précaires (car plus à temps partiel), ont une charge mentale bien plus élevée que leurs conjoints au sein du foyer, elles sont objectifiées à outrance et leur consentement n'est que rarement respecté, pour ne citer que quelques problématiques qui justifient encore les militant.e.s féministes actif.ves.
A l'inverse, le masculinisme tourne en boucle en ressassant toujours les mêmes propos victimaires : les hommes se suicident plus que les femmes ; les pères ont moins le droit de garde des enfants ; les hommes vont faire la guerre. Trois arguments sur lesquels je reviendrai plus en détails dans de futurs articles.
Pourtant, le masculinisme se sent menacé par des femmes qui revendiquent simplement d'avoir le même statut d'être humain que les hommes. Hier matin, Alain Finkielkraut martelait encore sur France Inter que "le patriarcat n'existe plus". Dans cette intervention, l'auteur, invité pour parler littérature, prend à parti les féministes comme étant responsables de la mort de cette même littérature, alors même que la question n'avait rien à voir. Selon lui, l'écriture inclusive serait évidemment aussi dangereuse.
Masculinisme VS Féminisme ?
Le masculinisme est profondément anti-féministe. Il se base sur les mêmes réflexions pour faire passer la pilule (notamment en encourageant des réflexions sur la condition masculine) alors que le propos est un propos de victimisation et surtout d'attaque.
Comme le dit Mélanie Gourarier sur France Culture, "Le masculinisme récupère la rhétorique féministe pour penser la condition masculine", mais pas que. Il pense le féminisme comme étant la source des maux de l'homme moderne.
En cela, il est dangereux puisqu'il occulte la source du problème, le système patriarcal, pour penser les hommes comme étant victimes d'une système presque matriarcal et pour ainsi détourner le problème tout en décrédibilisant les combats pour l'égalité entre les genres. Le mot masculinisme n'existe pas dans le dictionnaire officiel de la langue française ; il donne lieu à des interprétations diverses. Pourtant, comme j'ai pu le lire sur le site erudit.org, il y aurait un terme proche déjà existant : "Annelise Maugue (2001 : 183) a retrouvé une occurrence de « masculiste » en 1899, dans le roman Émancipées d’Albert Cim, qui met en scène des « masculistes » qui veulent faire front à la « Ligue d’émancipation féminine ». Ils rêvent d’une société dans laquelle les femmes ont été réduites à l’esclavage, les « plus belles » étant réservées à la prostitution, les « laides » reléguées à la cuisine, au blanchissage, au repassage et à la couture."
Non, le masculinisme n'a rien de positif : si l'homme moderne est en quête d'identité, c'est uniquement parce qu'il ne veut pas laisser tomber ses privilèges, admettre sa part de responsabilité, et se positionner en tant qu'allié pour une société plus humaine, au sein desquelles les stéréotypes de genre n'auront plus leur place.
Le masculinisme reste sur une vision binaire du monde, sans comprendre que les réflexions féministes actuelles ont bel et bien aussi pour objectif de détruire les stéréotypes et clichés qui limitent les hommes eux-mêmes !