top of page

Manger de la viande, un choix personnel ?

Selon une étude menée en 2017 par l’Ifop et pour Lesieur, 5% des Français·e·s sont végétariens ou végétaliens. Les rayons des supermarchés se verdissent, et les alternatives à la viande animale prennent une place conséquente. Quand on est soi-même végétarien·ne, il n’est pas rare d’entendre que manger de la viande ou non est un choix personnel.


Je me qualifie de végétarienne car je n’achète pas de viande ou de poisson avec mon argent. Il m’arrive d’en manger à un repas de famille ou lors d’un apéritif, une fois par mois ou tous les deux mois. Je remplace mon apport de protéines par des légumineuses, des fruits à coque, du soja. Depuis que j’ai effectué cette transition alimentaire, j’ai remarqué les nombreuses réactions virulentes que provoque l’annonce d’un régime alimentaire végétarien - ou pire ! - végétalien (qui ne comporte aucun produit d’origine animale). Manger comme on le souhaite ferait partie de nos libertés individuelles, ce serait un choix personnel. Je n’en suis malheureusement pas si sûre.



L’impact environnemental de l’alimentation humaine

Nous vivons actuellement dans une ère anthropocène, ce qui signifie que c’est l’être humain qui est la principale source des modifications terrestres (géologiques, biologiques). Et pour cause, 50% des terres habitables terrestres servent aujourd’hui à l’agriculture ou à l’élevage, les mers sont vidées de leurs poissons, et les calottes glaciaires menacent de disparaître à cause de l’activité industrielle de l’humain.


La Mer Baltique est la plus polluée au monde à cause des engrais diffusés à proximité, et sa population de poissons et notamment de cabillauds a disparu, dû à la surpêche. En effet, nous utilisons plus d’engrais que les cultures ne peuvent en assimiler, et les surplus s’accumulent dans les sols et les rivières.

L’Amazonie a perdu 15% de sa forêt entre 2004 et 2017, et 80% de ces terres déforestées sont utilisées pour l’élevage ou l’agriculture du soja, qui sert à l’alimentation du bétail aux Etats-Unis mais aussi en Europe. Rien qu’en France, un cargo transportant 60 000 tonnes de soja brésilien arrive tous les dix jours en moyenne pour nourrir les animaux qui finiront dans notre assiette.

75% des terres agricoles servent aujourd’hui à nourrir le bétail qui sera ensuite tué pour être mangé, alors que nous pourrions les utiliser pour une culture plus diversifiée, moins intensive, pour nourrir directement les êtres humains, chaque jour plus nombreux.

Les gaz à effets de serre sont engendrés par l’activité humaine de manière générale, et l’élevage représente presque 15% de cette pollution. A cause de ces gaz, le CO2 s’accumule dans l’atmosphère pour atteindre aujourd’hui 415 ppm (partie par million), ce qui est largement au-delà du seuil de 350 ppm préconisé par le scientifique Johan Rockstrom dans le documentaire Notre planète a ses limites.


La question du bien-être animal

Au-delà de préoccupations environnementales liées au dérèglement climatique dont l’élevage est en grande partie responsable, les végétarien·nes modifient souvent leur alimentation pour diminuer la souffrance animale qu’engendrent l’élevage et l’abattage de vaches, de poulets, de cochons, etc …


En effet, il est désormais attesté que les animaux que nous mangeons souffrent. Si vous en doutez encore, je vous conseille le désormais très célèbre documentaire Cowspiracy, ou encore le recueil de photos “Hidden, animals in the Anthropocene". La souffrance animale a été banalisée, mais il a été prouvé que les bêtes ressentent du stress et de la peur, notamment pendant le transport et à l’abattoir, lorsqu’elles entendent leurs congénères crier et se faire tuer (en particulier quand la mort rate, ce qui représente 16% pour les vaches).


La question du bio

Le label bio n’a rien à voir avec la question du bien-être animal. Si elle permet de réduire l’utilisation d’engrais et de pesticides qui polluent, elle ne statue pas sur la manière de tuer les animaux. Un animal ayant reçu une alimentation certifiée bio qui part à l’abattoir sera quand même un animal mort.



Notre espèce a statué sur une hiérarchisation entre les êtres vivants tout en s’octroyant le droit de vie ou de mort sur les autres animaux qui nous entourent. Manger de la viande est une décision que l’on prend, même s’il s’agit de la norme, et ne pas en manger est également une décision.

Lorsque j’ai pris conscience des faits exposés dans cet article, je ne pouvais m’empêcher de juger voire de culpabiliser les personnes de mon entourage parce que cela me paraissait aberrant de continuer à manger des animaux. Aujourd’hui, je préfère avertir, alerter, faire de la pédagogie, et responsabiliser. Chaque individu est libre de ses choix, mais n’oublions pas que la liberté s’arrête là où débute celle des autres ; il s’avère que pour moi, manger de la viande, c’est entraver la liberté des individus des générations futures à jouir d’une planète vivable.


Je veux que vous agissiez comme si la maison était en feu ; car elle l’est”.

- Greta Thunberg


bottom of page