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La fin de l'instruction en famille sous Macron ?

Vendredi 2 Octobre, Emmanuel Macron annonçait un projet de loi sur les séparatismes, laquelle inclut notamment l'interdiction de l'instruction en famille (IEF) pour 2021, sauf si une justification médicale est admise pour la pratiquer.

Alors, au début, je dois avouer que je ne voyais pas trop le problème (à vrai dire, je ne m'étais jamais questionnée sur les bienfaits ou non de l'école à domicile avant ce jour). Pour moi, chacun.e faisait bien ce qu'il voulait, mais l'école, quand même, ça permet de sociabiliser les enfants et de réduire les inégalités sociales qu'ils peuvent rencontrer à la maison non ? Ca a quand même du bon ?!


Alors, évidemment que l'école a des côtés positifs : un enseignement varié, une rigueur certaine, la sociabilisation, l'apprentissage de certaines valeurs ... Oui, mais il y a un mais.


D'une part, comme je l'ai appris grâce à une vidéo IGTV publié par Cédric sur son compte Instagram @papatriarcat, la DUDH, Déclaration Universelle des Droits Humains (oui j'ai renommé, m'en voulez pas) stipule que la liberté d'enseignement est un droit dans notre pays, et bien qu'elle n'ait pas valeur constitutionnelle, elle a quand même bien une valeur morale et éthique (euh oui, sinon, à quoi elle sert en fait?). Ce genre de lois ne serait pas en quelque sorte le continuum d'une série de contraintes de plus en plus liberticides mises en place en France ?


J'ai aussi décidé de lire pourquoi les familles pratiquant l'IEF le faisaient (l'IEF concerne 50 000 enfants en France) : pour beaucoup, l'école ne peut pas s'adapter aux particularités de chaque enfant et le fait de faire l'école en famille permettrait d'adopter un rythme différent, plus adapté, et plus serein pour l'écolier.e. C'est aussi un bon moyen de pallier la phobie scolaire (sera-t-elle prise en compte dans les justifications médicales, on ne sait pas).

J'en ai parlé rapidement avec des ami.e.s ce week-end : certain.e.s expliquaient, à juste titre, que l'école à la maison est un moyen d'accentuer les inégalités sociales. En effet, il paraît assez évident que tout le monde ne peut se permettre l'instruction en famille et qu'elle est réservée aux plus aisé.e.s. Comment encourager la diversité sociale, quand on sait que même si elle reste minoritaire, l'IEF fait chaque année de plus en plus d'adeptes ? Et en même temps, ne nous voilons pas la face non plus : l'école ne permet pas vraiment d'encourager la diversité sociale, et au contraire, elle a quand même tendance à normer au maximum les personnalités et à formater des humains. Oui, les élèves qui étudient à la maison ont plus de chances de remettre en question le système bancal de l'éducation nationale.


Alors évidemment, la préoccupation du gouvernement concernant cette loi est liée au côté sectaire et à la possible déviance des familles sortant du système scolaire classique. Le gros problème qui se pose selon moi, c'est que, comme d'habitude, c'est la religion musulmane qui est stigmatisée. Quid de l'extrémisme catholique qui, pourtant, sévit lui aussi dans notre pays ? Certes, la loi emploie le mot séparatisme au pluriel, mais on a quand même pas lu grand chose sur les autres religions...

La même DUDH dont je parlais plus haut stipule aussi pourtant que l'école ne doit pas faire de distinction entre les religions ... Enfin, ça c'est écrit dans les textes : en réalité, il n'est plus difficile aujourd'hui de prouver le racisme systémique qui a cours en France. Ce projet de loi en est une preuve supplémentaire.


La raison principale pour laquelle je suis contre cette loi réside dans le paragraphe précédent : n'a-t-on déjà suffisamment de problèmes avec l'amalgame que font bon nombre de Français sur l'Islam ? Si Emmanuel Macron a peur d'une montée de l'islamisme à cause de l'IEF (instruction en famille), que penser des écoles où le catéchisme est obligatoire, ou des familles qui font l'école à domicile et font grandir leur.s enfant.s dans un climat raciste, homophobe et anti-ivg et qui sont autant de dangers contre l'égalité entre les personnes ?

Les mots sont, comme d'habitude, mal choisis, et ils servent dans ce projet de loi à stigmatiser la religion musulmane pour encourager la peur vis-à-vis de l'Islam; c'est en tout cas la lecture que j'en fais.


A l'heure où j'écris ce texte, Macron est revenu sur le nom du projet de loi, et le ministre du viol, pardon, de l'Intérieur a indiqué qu'il s'appellera désormais "loi renforçant la laïcité et les principes républicains", tout en ayant quand même comme objectif principal de "de lutter contre le séparatisme principal qu'est l'islam radical" même si "ce n'est pas le seul objet du texte qui s'adresse à tous les cultes" (propos de Darmanin ce mardi 6 Octobre). Pourtant, aucune autre religion n'a encore été citée à part l'Islam. Un député républicain a aussi ajouté sur BFM que "Le problème ce n'est pas les religions, le sujet c'est l'islamisme".

Le message est donc assez clair.


L'Islam est depuis longtemps la caution pour continuer à faire peur, puisqu'il est toujours associé par l'exécutif aux termes "extrémisme", "séparatisme" et "terrorisme". Quand on se souvient que l'élection présidentielle est dans un an et demi, on se dit que, mine de rien, il est temps pour le président de commencer à rallier des partisans, et quoi se mieux que d'utiliser des thèmes qui marchent ... à savoir, ceux qui engendrent la peur de l'autre.



PS: la pétition pour la démission de Gérald Darmanin est toujours en cours sur Change.org.

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