top of page

L'épreuve "écologique" de Top chef


Avant toute chose ! Mon prochain livre, "Sang Honte", est en précommande !

Il sortira le 11 Mai mais tu peux déjà le précommander sur le site de la Fnac, ou bien demander à ta librairie de quartier préférée de le commander !

 

Pardonnez mon retard, mais en Belgique, on reçoit Top chef quelques jours après la France. C'est donc seulement ce soir que je m'offusque en découvrant l'épreuve "écologique" qui a eu lieu la semaine dernière sur Top chef.

L'épreuve a lieu au sein du ministère de la transition écologique, le défi prononcé par Mauro Colagreco, un des premiers chefs à recevoir pour son restaurant situé à Mention, la certification "Plastic free". Au premier abord, quand l'épreuve est annoncée, mon attention revient quelque peu à la vie et je me dis "ah, il va peut-être y avoir quelque chose de bien".

Evidemment, Top chef qui s'engage pour l'environnement, c'est un peu comme si Trump était militant écologiste hein. Ca n'existe pas.

Sur les 7 assiettes présentées par les candidats, 5 contiennent du poisson, et une contient des insectes, tout droit sortis d'un packaging imprimé en chinois et qui laisse donc penser que ces ingrédients ont parcourus quelques 10 000 kilomètres pour arriver jusque dans l'assiette. Avouez qu'on aura connu mieux niveau limitation de l'empreinte carbone.

Quant aux plats de poisson, je dois dire qu'ils sont tout simplement passés à côté de l'épreuve. Les cuisiniers s'engageaient pour dénoncer les marées noires, les bateaux qui dégazent en plein océan ... pas un s'interroge néanmoins sur l'impact de la pêche en elle-même sur la biodiversité. Pas un. Je suis mauvaise langue.

Baptiste a envoyé du lourd avec un plat de sashimi végétarien, pour dénoncer la surpêche et proposer ainsi une alternative aux repas à base de poisson.


Pour tous les autres, c'est un zéro pointé. Sea Sheperd dénonçait d'ailleurs dès le lendemain l'incohérence crasse des plats présentés, puisque la plupart cuisinaient du cabillaud, un des poissons menacé d'extinction car victime de surpêche.


Rappelons donc quelques faits :


  • La pêche fantôme, c'est-à-dire la mort de poissons provoquée par des outils de pêche perdus ou abandonnés en mer, représente 640 000 tonnes de poissons par an.

  • 35% des poissons capturés et tués ne se retrouvent pas dans nos assiettes à cause du gaspillage et des pertes, selon le WWF.

  • 30% des stocks de poissons sont surexploités, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture.


Clairement, on attendait dans cette épreuve, si pas des plats véganes, a minima végétariens, puisque manger des animaux fait partie des gestes les plus polluants que l'on puisse faire au quotidien. Quand on bénéficie d'une audience telle que celle de Top chef (plus de 3 millions de téléspectateurs lors de l'émission dont on parle aujourd'hui), on se doit de creuser les questionnements écologiques, qui sont éminemment actuels. Il ne faut pas minimiser l'impact qu'aurait pu avoir un réel engagement politique de la part de tous les candidats, qui auraient pu (soyons fou.lle.s) boycotter la cuisine animale à cette occasion.


Je suis certainement trop optimiste.


Oh mais d'ailleurs, j'oubliais. Comme vous le savez peut-être, l'épreuve avait donc lieu au sein du ministère de la transition écologique. Le ministère, comme d'autres membres du gouvernement actuel d'ailleurs, surfe clairement sur la vague des tendances. Entre Emmanuel Macron qui répond à un challenge proposé par McFly et Carlito, le gouvernement qui invite des influenceur.ses à l'Elysée, et ça, on se dit que clairement, l'équipe de com de la République en marche est en rade d'idées pour rameuter les foules.

C'est complètement maladroit. Ou pire. C'est même sacrément irresponsable. Je me demande où étaient les lobbies de la pêche à ce moment là tiens ...

Non, je n'invente rien. Ce lobby est bel est bien présent. Rappelez-vous, en 2018 : l'Union européenne avait été accusée d'avoir cédé aux lobbies de la pêche concernant la pêche électrique, qui bénéficie de dérogations malgré son interdiction depuis 1998. Ils ne sont jamais loin et ils ont un impact.

A ce titre, je vous conseille le très récent et excellent documentaire Seaspiracy, disponible sur Netflix. Plusieurs passages montrent à merveille l'importance des lobbies et leur influence, tout en nous dégoûtant, une bonne fois pour toutes, de manger du poisson.

bottom of page