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Doit-on continuer à poser des stérilets ?

Avant toute chose, je précise que j'emploie le mot stérilet car il est le terme le plus diffusé ; néanmoins, l'acronyme correct est D.I.U, pour dispositif intra-utérin. En effet, même si l'on pensait au début qu'il pouvait rendre fertile, ce dispositif contraceptif n'affecte en rien la fertilité à long terme !

stérilet contraception
la pose d'un stérilet fait-elle mal ?

Est-ce que poser un stérilet fait mal ?


Qui n'a jamais entendu une anecdote désastreuse à propos de la pose d'un stérilet (DIU) ? Qui n'a jamais eu vent d'une pose sacrément douloureuse, d'une personne qui a fait un malaise ou dont la douleur était si vive qu'elle a du demander le retrait de cette contraception ? Il semblerait que cela soit assez courant par chez nous, en France. Mais si je vous dis que le taux de douleur n'est pas le même en fonction des pays, vous y croyez ? En effet, les techniques varient d'un pays à l'autre quant à la pose d'un stérilet dans l'utérus, et ont un impact significatif sur la douleur ressentie.


Bien sûr, on insère un corps étranger dans l'utérus, ce qui l'enflamme : il est donc normal de ressentir quelque chose. En général, on considère comme "normal" une douleur s'apparentant à des règles "normales". Autrement dit, la pose d'un stérilet n'est pas censée vous mettre en PLS, vous provoquer un malaise ou nécessiter un arrêt de travail.

Il y a des moyens d'atténuer la douleur avec quelques précautions : certain.es gynécologues préconisent ainsi la prise d'un antispasmodique juste avant la pose mais aussi de choisir un moment adéquat pour le corps. En général, la période des règles est recommandée car le col est déjà plus ouvert pour que l'endomètre puisse être évacué, ce qui réduirait les douleurs.


Le problème de la pince de Pozzi


Un autre moyen, pourtant simple, de réduire drastiquement les douleurs, est d'éviter d'avoir recours à un instrument, la pince de Pozzi, qui serait à l'origine de nombreux désagréments. Martin Winckler, gynécologue, confirme sur son site internet : "La pose de la Pozzi peut être source d’une vive douleur, en particulier chez les femmes n’ayant pas eu d’enfant, car chez celles qui ont déjà accouché, le col a été beaucoup dilaté au cours du travail, et les fibres sensitives sont moins réactives quand on touche au col."


Pourtant, cette pince est un "outil médical très employé par les gynécologues" ; si les personnes ayant déjà accouché ne le sentent que très peu, tant mieux, mais la pose du DIU a beaucoup évolué ces dernières années, et de plus en plus de personnes n'ayant pas encore ou ne souhaitant pas d'enfant y ont recours. La pratique du DIU est passée de 1,6% en 2010 à presque 26% en 2016, rien qu'en France, comme le confirme l'INSEE.

Cela pourrait donc donner lieu à une refonte des pratiques médicales, mais il semblerait que la pince de Pozzi soit encore largement utilisée sur tous les corps, nullipares ou non.


Le stérilet, un contraceptif d'avenir ?


Alors, le stérilet, est-ce que c'est tellement une bonne idée que cela ? Le fait qu'il en existe en cuivre, donc sans hormones, a permis à de nombreuses personnes d'arrêter une contraception hormonale délétère pour leur santé tout en s'assurant d'une contraception fiable, qu'on ne peut pas oublier, et qui nous permet d'être tranquille pendant 5 ans en moyenne !

On y gagne clairement au change quand on utilise un stérilet, surtout quand on a pris la pilule pendant des années auparavant (et je parle en connaissance de cause!). L'indice de Pearl (indice permettant de mesurer le taux de fiabilité d'une contraception) est également sans appel : selon les chiffres de l'OMS de 2011, 0,8 personnes sur 100 sont tombées enceinte sous DIU au cuivre, contre 8 personnes sur 100 sous pilule (je vous parle ici de l'efficacité pratique et non théorique, deux indices distincts dans le calcul). Avec l'implant contraceptif (qui est hormonal et se place en sous-cutané dans le bras), il est la contraception temporaire la plus fiable du marché !


Le problème, ce n'est donc pas tant le stérilet en soi, mais bien une pratique médicale qui n'évolue pas en même temps que les techniques. On a inventé un DIU spécialement conçu pour les nullipares, un peu plus petit, pour éviter les douleurs, mais on a oublié de former plein de professionnel.les. Pourtant, des solutions existent : comme on l'a vu, on peut faire sans la pince de Pozzi. On peut aussi aller plus loin : en France, beaucoup de médecins ne proposent qu'un simple anti-douleur, mais la pratique varie en fonction des pays.

Au Canada, les sites d'information sur la santé et la gynécologie expliquent qu'une anesthésie est possible (même si elle n'est pas proposée d'emblée). Certains professionnels parlent aussi de la possibilité de pratiquer l'hypnose pendant la pose (ça se pratique déjà pour des chirurgies générales!) L'université de Lorraine en France a même un module de formation dédié à ce sujet !


Autres réflexions de médecins : le stress lié à la peur pourrait augmenter drastiquement la douleur de la pose. En effet, nous sommes nombreux.ses à avoir expérimenté des consultations médicales peu humaines, où l'empathie est la grande absente, à se voir prescrire une contraception qu'on ne nous a expliquée qu'à moitié. Faire rentrer de l'humain dans les cabinets de gynécologie pourrait réduire les douleurs liées à la pose du stérilet. Bref, il y a des choses à revoir pour que cette contraception soit plébiscitée par de plus en plus de monde, vu tous ses avantages !

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