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Aller voir un urologue

Il y a peu, je discutais avec une amie des inégalités entre les genres (et oui, encore!) d'un point de vue médical. Nous en sommes arrivées à la même question : pourquoi les femmes voient-elles un.e gynécologue dès l'adolescence et ce, sans même qu'il y ai nécessairement un problème quand les hommes n'ont aucun espace médicalisé pour poser les centaines de questions qu'ils doivent avoir concernant leur pénis et son fonctionnement ? Pourquoi aller voir un urologue est-il forcément lié aux maladies ?


La raison est certainement très simple : en tant que personne dotée d'un utérus, nous allons généralement voir le.la gynécologue lorsque nous commençons à avoir des relations sexuelles, souvent pour se voir prescrire une pilule. Pour beaucoup d'entre nous, la question ne se pose même pas : c'est à la femme (dans sa forme la plus inclusive) d'endosser cette responsabilité, et à elle seule. Mais comment peut-on imaginer se diriger vers plus d'égalité entre les genres quand on ne propose absolument JAMAIS aux personnes dotées d'un pénis de se préoccuper de cette question ?


Il en est d'ailleurs de même avec les MST (maladies sexuellement transmissibles) : combien de fois, à titre personnel, ai-je du repousser les suggestions d'hommes avant un rapport, parce que ceux-ci préféraient coucher sans capote, alors que la première pensée qui me venait alors à l'esprit était indéniablement liée au risque de contracter le VIH ou n'importe quelle autre maladie, quand eux ne semblaient même pas avoir entendu parler de ces infections ?

Certainement parce qu'une fois par an environ, je suis face à un médecin, parfois paternaliste, en tout cas toujours très insistant sur mon devoir de me protéger pendant un rapport sexuel. Et très certainement parce que les hommes n'ont, eux, à part les chanceux ayant retenu les cours d'éducation sexuelle au lycée, jamais à être confronté à un discours médical récurrent.


Pourtant, après avoir regardé le documentaire Arte sur la contraception masculine et entendu le discours d'un urologue, je me suis rendue compte que les hommes aussi avaient forcément des questions quant à la sexualité, mais aussi au fonctionnement de leur appareil génital, à la taille de leur pénis, à la normalité de leur comportement. C'est un fait. Seulement, peu d'hommes prennent l'initiative d'aller consulter, seulement à titre informatif, un professionnel dédié à la santé sexuelle masculine, tout simplement parce que cela n'est pas dans les mœurs. L'urologue est forcément perçu comme un médecin lié aux maladies prostatiques des hommes aux cheveux grisonnants.


On pourrait imaginer que, au même titre qu'on se recommande un.e gynécologue de mère en fille ou entre ami.es, les hommes puissent trouver cela normal de consulter un urologue avant leurs 50 ans, simplement pour apprendre à connaître leur corps et son fonctionnement, mais aussi pour s'inclure peu à peu dans les questions liées aux MST et à la contraception. Presque tous les hommes hétérosexuels seront confrontés à la problématique de la contraception au moins une fois dans leur vie, et, en tant que femme, nous avons hâte qu'ils décident de prendre leur part de responsabilité ou, tout du moins, qu'ils s'y intéressent.


Banaliser le fait d'aller voir un urologue pour les jeunes hommes comme la consultation gynécologique féminine permettrait certainement de remettre les pendules à l'heure et d'endiguer la charge mentale qui pèse quotidiennement sur les femmes.


Après tout, rappelons que nous sommes en moyenne fertiles 5 jours par mois quand les hommes le sont tous les jours de l'année !

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